« Léar » nous a quitté
Publié le 26 février 2024 par David SOULAT
Hommage de Marc Arnaud au nom de l'US Coutras Football, Enterrement jeudi 29 février 15H à Coutras
Pour tout le monde, il était « Léar ». Personnellement je ne l’ai jamais entendu nommer autrement dans le club. Leardo Martignoni nous a quitté, avec toute la discrétion qui le caractérisait.
Pour la grande majorité des adhérents actuels de l’U.S.Coutras, ce nom n’évoquera rien, si ce n’est pour ceux qui ont appris le foot sous la direction de son fils Hervé, parfait portrait physique de son père et lui aussi connu dans le club principalement son surnom : « Maya ».
Lear a pourtant été un des piliers de l’asso pendant des décennies. D’abord comme joueur, défenseur plutôt rugueux qui a raccroché les crampons assez tard. Avec les débuts de son fils Christian, il est devenu tout naturellement responsable de l’équipe Minimes (appellation beaucoup plus sympa que celles imposées depuis par les instances internationales où les catégories d’âges portent des noms de sous-marins allemands de la Deuxième Guerre Mondiale).
C’est là que je l’ai retrouvé quand on m’a confié l’entraînement de l’équipe et j’ai découvert un homme totalement différent de celui que j’avais connu sur les terrains. C’était le dirigeant modèle : dévoué, coopératif et respectueux de tous. Avec, en plus, un talent rare : celui de physionomiste. Des années après, il était capable de mettre un nom sur un sénior qu’il avait vu évoluer en catégorie de jeunes dans un autre club.
Au début des années 80, il a franchi un autre palier. Sollicité pour occuper la place de président, cet homme modeste et peu soucieux de titres n’a accepté qu’à condition de partager la fonction. C’est ainsi qu’il a dirigé efficacement le club pendant de longues années, avec trois co-présidents successifs. Léar parlait peu, et encore moins pour ne rien dire. Grâce à sa bonne connaissance du milieu du foot local, son bon sens et sa placidité, le club a connu alors une période tranquille, autant que cela puisse l’être dans un monde soumis aux aléas des résultats de son équipe première, les satisfactions apportées par les équipes de jeunes permettant de gommer les problèmes inhérents à la vie d’un club de niveau régional.
J’ai cogéré l’asso avec lui pendant cinq saisons. Autant nos deux personnalités étaient aux antipodes l’une de l’autre - et peut-être à cause de cela - autant notre coopération s’est avérée sans failles. Après le dirigeant exemplaire, j’ai découvert l’homme. J’allais souvent chez lui, dans son « castor » de la rue Roger Salengro, et j’ai eu l’occasion de découvrir un autre Léar. De ses origines italiennes (il était fils d’immigrés de la région d’Emilie-Romagne, fuyant comme tant d’autres de difficiles conditions de vie pour certains, le fascisme pour d’autres, souvent les deux à la fois), il avait gardé un sens de la famille très fort. Très attentionné auprès de sa femme de santé fragile, à la fois protecteur et exigent pour ses trois enfants, grand-père affectueux, il cochait toutes les cases.
En résumé, Léar, c’était ce qu’il convient d’appeler quelqu’un de bien, quelqu’un que l’on est content d’avoir croisé dans sa vie.
En plus d’une mémoire solide et infaillible de l’histoire d’un demi-siècle de l’U.S.Coutras , nous perdons une référence, un modèle de dévouement et d’humanité à rappeler à tous les licenciés, actuels et futurs de ce club centenaire qui fait partie de l’histoire de beaucoup d’entre nous.
Avec une pensée émue pour ses fils, Christian et Hervé, et nos sincères condoléances pour leur famille.